Caroline Gallay et Michel Mouthon à l'Espace
Equinoxe
Des vibrations de l'acier à l'évanescence du crayon de
couleur
« Il ne faut pas regarder une sculpture avec sa tête, mais
avec ses tripes. C'est la raison pour laquelle je ne donne pas de titre à mes sculptures,
précisément
parce que je ne veux pas diriger les gens », explique Michel
Mouthon. Le sculpteur, qui vit et travaille à Chapelle-sur-Moudon (Vaud), n'aime pas
mettre des mots sur ce qu'il fait, mais préfère plutôt donner rendez-vous aux
émotions qui le traversent au moment où il empoigne la
matière, en l'occurrence l'acier. « Je ne veux pas intellectualiser ma
démarche, mais avancer en même temps et avec la pièce en devenir ». Même s'il se fixe certains objectifs au moment où il façonne
une pièce, Michel Mouthon n'attend que l'instant privilégié
où sa sculpture décidera elle-même, et avec son consentement, de changer de direction. « C'est
à
cet instant-là que les choses se passent. Ce qui m'intéresse, c'est le ressenti que j'éprouve au
moment où je travaille sur un angle, un équilibre,
une forme, un volume, un élément de matière plus ou moins brut ou lissé. J'ai justement choisi
l'acier parce qu'il n'y a rien au départ et qu'il faut tout lui donner, parfois même au prix d'un certain
combat. L’acier nous laisse plein de possibilités, et l'intérêt, justement, naît de ce jeu entre
contraintes et liberté. Lorsque je sculpte, j'aime me donner la possibilité
de dériver ». Mouthon travaille actuellement
sur des pièces anguleuses, cubiques, carrées. Outre les œuvres
exposées à Prilly, un certain nombre de ses sculptures et pièces murales figurent à la Galerie de l'Hôtel-de-Ville d'Yverdon-les-Bains
dans
le cadre de l'exposition 8 artistes.
Armée de ses crayons de couleur, Caroline Gallay explore le monde de
la nature
morte. Hachurant, superposant inlassablement les couches de couleur - il y en a parfois une vingtaine
– joant avec
les
dégradés, toujours à la recherche
de la lumière, elle révèle les volumes et fait remonter, à la
surface de la matière et du support, un vase, un récipient aux
formes douces, arrondies,
en apparence simples. « J'aime la délicatesse et la souplesse du crayon de couleur, c'est propre. Je déteste ce qui est sale! »
souligne l'artiste, qui, parallèlement à sa création, se plaît à
partager sa passion et les infinies possibilités de ce médium avec ses
élèves, dans les cours de dessin qu'elle dispense dans une école lausannoise. Utilisant des gammes chromatiques tournant autour du rouge, du carmin, du brun, du pourpre, qu'elle
conjugue parfois avec des tonalités étonnantes, voire inattendues, comme le vert foncé, le peintre se plaît à créer des
univers
où
la vibration
de
la matière lui permet d'exalter la forme, dont elle estompe parfois les contours, donnant soudain à sa composition un
caractère évanescent.
Armande Reymond
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