La ville de Prilly propose un espace d’exposition totalisant plus de 100 mètres de cimaises réparties sur 4 niveaux. L’Ouest lausannois s’enrichit d’un nouveau lieu, « ESPACE EQUINOXE ».

Entièrement réhabilité, l’édifice privilégie les arts visuels.

ESPACE EQUINOXE est le résultat d’une collaboration entre la Ville de Prilly et Stratosensu, association suisse de plasticiens professionnels active dans de nombreux projets culturels, en particulier dans l’Ouest lausannois. Cette collaboration vise à renforcer la dimension culturelle de l’image de Prilly et à visibiliser Stratosensu, désireuse de défendre la cause d’artistes professionnels et de faciliter l’accès de leur travail au public.

mardi 9 juillet 2013

Exposition Equinoxe d'automne 2012





Chantal Moret et Alain Rebord

CHANTAL MORET ET ALAIN REBORD sont les hôtes du château de Prilly pour l'exposition qui fête l'équinoxe d'automne. Les deux artistes romands partagent pour la première fois les mêmes cimaises. Rencontre entre l'errance et la recherche des grands espaces.

Sur la route ...
La figure humaine est au cœur de la peinture et des préoccupations de Chantal Moret. « Il me faut cette trace du vivant, ces êtres. J'ai peint des toiles où il y avait toute une composition ... J'y ai toujours rajouté, parfois au dernier moment, l'humain, sinon je les trouvais nues! ». Pour cette exposition, l'artiste, qui vit et travaille à Champtauroz en pleine nature, a choisi de nous inviter à partager l'errance ... L’errance forcée, tragique, courageuse, celle qui, à l'image des migrants qui hantent la « jungle » du Pas-de-Calais, jettent des humains sur la route en quête d'un avenir meilleur; humains sans visage qui perdent leur identité tout en luttant pour conserver leur âme et leur dignité; mais également l'errance du pèlerin qui prend la route en quête d'une recherche personnelle, à la conquête d'une nouvelle forme de liberté ou de la compréhension de l'existence. Quelle que soit la raison de cette errance, on entre clans une histoire, celle d'hommes, de femmes et d'enfants nous rappelant que la route, le nomadisme ont toujours fait partie intégrante de la vie ... Pour le meilleur et pour le pire. Des jungles du Pas-de-Calais aux Pèlerins (une série de tableaux créée à Montréal, inspirée de la Pierre de patience d'Atiq Rahimi, qui n'a jamais été montrée en Europe), Chantal Moret a peu à peu engendré un cortège de silhouettes drapées dans leur silence, marchant tantôt bravement, tantôt sereinement à la rencontre de leur destin. Fidèle à sa gamme de couleurs allant du noir au blanc en passant par le gris, le rouge, les terres ou les bruns, le peintre traite des thèmes essentiels avec des moyens picturaux primordiaux, un style de composition sans artifice dominé par des lignes claires, des formes simples et un constant va-et-vient entre le sujet traité et les agents plastiques. La matière est au service de l'émotion. « J'ai besoin d'être jour après jour dans mon atelier. En relation avec la matière. C'est vital. Quand j'ai un pinceau à la main, il n'y a plus le fatras des mots. J'aime ce jeu des formes, des teintes, bien que chez moi, ce soit peu coloré. Tout est transformable en matière et en couleurs. J'aime ce jeu de la transformation, j'aime le ressenti. Dans l'acte même de création, je découvre toujours quelque chose ... ».

Entre matières et espaces
Alain Rebord aime marcher en quête de paysages nouveaux ou d'espaces qu'il se plaît à redécouvrir encore et toujours sous d'autres lumières, dans des ambiances changeantes, à des moments de vie différents. « Je partage mon travail entre l'inspiration locale et d'autres lieux, en particulier l'Argentine vit ma fille ». Lorsqu'il séjourne en Suisse, le peintre côtoie quotidiennement le Léman, car son atelier est situé à deux pas de l'eau, sur la plage de Préverenges. Fasciné par la clarté des matières et de l'espace, Alain Rebord opère des rapprochements entre une certaine réalité géographique inspirée des lieux qu'il contemple, traverse, arpente et les paysages mentaux qu'il s'est forgés au fil du temps, de ses lectures, au gré de ses contemplations. Ainsi, son œuvre nous permet de faire tomber les frontières, de parcourir des mondes différents, de nous perdre clans des lumières, des ambiances, des couleurs et des textures aux multiples résonances. Le peintre nous invite à mettre nos pas dans les siens, à contempler les ruines de Pompéi, à vibrer au rythme des textes limpides de Mishima évoquant le Japon, à mesurer du regard les étendues argentines proches de la frontière bolivienne, à nous perdre dans la forêt vierge, à embrasser les paysages lémaniques, à nous enfiler dans les passages s'ouvrant à nous. « J'aime les portes, les passages, les ouvertures, psentés en dualiavec une matière qu'on foule au pied, qui colle aux semelles. Ce qui se passe entre ces deux univers est particulièrement intéressant». Chez Alain Rebord , tout est voyage, découverte, moment d'histoire, témoignage; et le peintre d'évoquer pour nous le tableau qu'il a réalisé au moment la tempête Joachim faisait rage, où les paquets de mer ont dressé un bateau sur la grève proche de son atelier, les branches volaient clans tous les sens... Et de s'arrêter sur un morceau de désert du Maghreb dont il a immortalisé l'erg par un mélange de sables, quartz et terres ramenés du bled. « Je mélange mes mariaux, sables, terres, bois, avec des colles et des pigments qui vont habiter partiellement mes tableaux et entrer en relation avec l'acrylique. Très souvent, comme point de départ, je prends des photos, mais ce sont uniquement des
références. Après, je démarre avec un détail ou un élément, une matière, une forme, une couleur liés à un souvenir, à la perception d'un espace, à la qualité d'un moment, et j'avance! »
Armande Reymond

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