Aline Wagnon et
Laurent Desarzens exposent au Château de Prilly
Nature et
voyages : deux moteurs de création…
Pour cette exposition
marquant le premier équinoxe de l’année, deux plasticiens se partagent les
nouvelles cimaises du Château de Prilly, Aline Wagnon et Laurent Desarzens.
Entre nature et voyages, les artistes
nous invitent à découvrir les chemins multiples de la création plastique et
picturale.
Tirant ses thèmes picturaux de la nature, des végétaux,
Aline Wagnon ne cherche pas, dans ses compositions, à retranscrire en l’état ce
que lui propose ce creuset d’informations. Non ! Elle ne veut pas copier
la nature, mais nous propose un travail d’inspiration. Ses peintures sur papier
et sur toile, nous entraînent sur une voie inédite révélant la qualité et
l’intensité de la relation que l’artiste entretient avec cette matière première
- la perception qu’elle en a. Et la force de ce lien se traduit par des formes
volontairement simplifiées, parfois très graphiques, par des compositions qui
mettent habilement les couleurs en relation les unes avec les autres.
Aline Wagnon conduit d’abord ses recherches en dessinant,
travaux préparatoires à la mine de plomb, aux crayons de couleurs, qu’elle ne
montre pas, mais qui lui permettent de réfléchir à la conception de l’œuvre,
d’explorer librement cet immense champ d’investigation qu’est la nature. Ils
lui permettent également d’aller plus loin dans son geste, dans la mise en
espace des thématiques et l’organisation des agents plastiques entre eux…
autant de composantes qui vont évoluer au fur et à mesure des étapes de
créations jusqu’à l’œuvre définitive. Constituées d’une multitude de couches,
cinq ou six, parfois plus, les peintures qu’élabore Aline Wagnon tendent vers
un rapport harmonieux des couleurs… Travail en profondeur où le rationnel, la
rigueur côtoient la liberté du geste, de l’expression graphique et chromatique.
Peintre dans l’âme, peintre depuis toujours, Aline Wagnon,
qui travaille à Lausanne, n’a pas beaucoup montré ses œuvres jusqu’à ce jour,
par pudeur, mais aussi parce que, totalement marginale, elle protège son
intimité et son jardin secret. Elle s’intéresse en priorité au processus de
création, à l’acte même de peindre. C’est donc un plaisir et un privilège de
découvrir ses derniers travaux au Château de Prilly et de partager avec elle
cette passion d’un langage plastique, poétique totalement personnel, où les
harmonies chromatiques disent la nature dans toute sa diversité.
Feuilles de voyages
Relation d’un voyage
en Cadillac rouillée, tel est le titre que Laurent Desarzens a choisi de
donner à l’ensemble des techniques mixtes qu’il expose à Prilly. Ces travaux
témoignent de l’importance de l’imprégnation des voyages dans l’œuvre du
peintre qui vit et travaille à Renens. Intervenant sur des maculatures, sur des
papiers qu’il a récoltés sur le terrain au fil de ses pérégrinations, sur des
supports qui ont un vécu, une odeur, une texture, une couleur, qui portent en
eux l’âme de la route et de ces coins de paysage découverts au fil des étapes
en Australie, aux Etats-Unis, en Italie, Laurent Desarzens utilise le langage
plastique et pictural comme moyen de communication, d’expression, de
questionnement, de partage. « La peinture doit amener une question, une
vision du monde et des humains. Elle doit avoir du sens. Je ne m’intéresse pas
au beau geste pictural - ça, je sais le faire, c’est mon métier ; en plus
on est tellement envahi aujourd’hui par ce type de discours vide que je n’y
crois pas beaucoup - mais aux réactions, aux impressions que provoque un
tableau chez les gens. La peinture n’est rien d’autre qu’une manière de
partager avec les autres. C’est un acte concret de réflexion.»
Qu’il soit dans son atelier ou sur une piste à l’autre bout
du monde, Laurent Desarzens est habité par les lieux qu’il a traversés. Toute
son œuvre est enrichie, imprégnée par des fragments de carnets de route, par
des notes, par le souvenir d’un paysage, d’un coin de forêt découvert par
hasard, d’un endroit où il aurait aimé poser ses valises… Autant de moments
privilégiés de vie grappillés au passage et qui, bien des années plus tard,
refont surface, se matérialisent dans l’atelier du peintre qui s’en saisit
aussitôt pour nourrir le dialogue avec le public. Et cette précieuse matière,
mélange subtil de réalité et d’imaginaire, le peintre la confie encore et
toujours à un support récupéré qui porte déjà en lui des traces de vie :
« Je ne peux pas partir d’une toile blanche, immaculée… c’est le besoin
constant d’un format de rencontre, premier acte de la construction de chacun de
mes tableaux ».
Armande Reymond
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